mercredi 15 janvier 2014

Survol du Sahara Occidental

C'est un réel survol, poussé par le vent du Sahara que je viens d'effectuer !
Je viens de passer en Mauritanie ce soir en arrivant dans la ville de Nouadhibou, après pas moins de 700 kms parcourus en quatre jours ! Du délire!

Pour commencer, j'ai effectué une première étape de 175 kilomètres depuis Boujdour, lieu de mon dernier post sur le blog. Cette étape a été le premier vrai plongeaon dans un désert plat et infini, avec des champs de pierre à perte de vue. Comme le décrivaient les auteurs du livre "On a roulé sur la terre", c'était le vertige horizontal ! Peu importe où on regarde, rien n'arrête le regard sur 360 degrés. La nuit de cette première étape, je l'ai passée dans mon sac de couchage, au fond d'une salle de restaurant d'une station essence ouverte 24h/24. D'un coté j'étais pas tout seul et y avait quelqu'un pour surveiller mes affaires, mais en même temps, j'ai eu droit à des match de foot toute la nuit sur une télé à fond et une valse incessante de camions, de bus et de bruit toute la nuit en fait. En gros, une nuit dans la crasse et le bruit !

Le lendemain, je pensais y aller un peu plus cool au vu de l'étape de la veille, mais c'était juste une idée. Au début, c'était un peu dur avec un fort vent de travers, puis vers 11h il a tourné pour passer derrière moi et après c'était l'envolée une fois de plus. Le soucis, c'est qu'il n'y avait plus rien, pas une maison, pas une station service, rien du tout et pas de ravitaillement non plus. Mais comme j'avais un peu de rab, j'ai commencé à chercher un endroit pour planter la tente en plein désert quand même, mais avec un vent pareil, pas moyen dans un terrain sabloneux. Alors je suis reparti pour une durée indéterminée en espérant trouver un truc quand même... Finalement, c'est une toute petite station service qui m'a permi de m'arrêter et de planter la tente dans la tempête, "protégé" par trois murs. La protection était toutefois limitée car au matin la moitié des piquets de la tente avaient volés !

Quoi qu'il en soit, l'étape de cette deuxième journée à été de 225 kms! Pas besoin de préciser que je me suis endormi comme un bébé après ça. Mais le top du top, ça a été la douche improvisée à l'eau froide avec une bouteille d'eau au robinet des toilettes ! Un pure moment de bonheur très simple mais apprécié à sa juste valeur ce soir là.
Seul soucis, pas de ravitaillement du tout sur place, alors j'ai fait les fonds de sacoches pour déjeuner et assurer de quoi tenir la journée suivante jusqu'à un point me permettant de manger. Un gars qui passait pa là en bagnole m'a quand même donné deux litres d'eau en plus de ce que j'avais déjà, ils se sont révélés utiles!

En général, la ration journalière est de 5l d'eau et un de coca pour les coups dur! Rien de mieux qu'un coca, froid ou chaud, avec ou sans bulles pour un bon coup de boost immédiat! A ce niveau là on se contente de peu.

La troisième journée, c'était parti pour 160 kilomètres jusqu'à une petite bourgade où j'ai pu engloutir un demi poulet et un max de bouffe pour me remettre de tout ça, me laver aussi dans des conditions un peu meilleures et bien me reposer.
Ce jour là, j'ai découvert une plante surprenante dans le désert lors d'une halte. Une petite plante avec des feuilles comme des ballons. Ne pouvant pas résister, j'ai écrasé une de ses feuilles et en fait elle était pleine à craquer de liquide. Je me suis bien demandé où elle trouvait tout ça et surtout comment elle pouvait le garder sous cette chaleur et dans cette sècheresse.......


Et puis pour aujourd'hui ,je pensais seulement faire les 90 kms me restant pour atteindre le poste frontière Marocain... mais ayant envoyé les 90 bornes en 3h15, à midi j'étais sur place, alors j'y ai mangé pour finir mes dirhams et j'ai continué.

Après environ 6 controles de passeports, je me suis retrouvé de l'autre coté du poste, sur une piste défoncée, le fameux no man's land, bande de terrain miné de 4 kms de large entre le Maroc et la Mauritanie. Quand le flic te souhaite bon voyage à ce moment là, t'espères vraiment qu'il sera bon!! En plus il y a des carcasses de bagnoles partout, ça plante le décors.
Mais au moins pour une fois, en vélo c'est moi qui était plus rapide ques les véhicules, torturés dans les champs de pierre.
Devant moi......




Derrière moi.....

  
Poste frontière depuis le no man's land


Une fois de l'autre coté, pas déçu d'être arrivé, c'était reparti pour des controles et re-controles à l'infinie.... alors on prends son mal en patience et on sourit tant que possible!
Le poste passé, c'est à nouveau le plein désert, beaucoup plus sabloneux cette fois.
J'oubliais un truc, croiser les camions est devenu une torture, déjà avant c'était pas simple de se prendre un courant d'air en pleine poire, mais cette fois, c'est accompagé d'une pelleté de sable! Je peux dire que ça fait sacrément mal de se faire sabler tout entier !!
Enfin, j'ai poussé les 50 kms me séparant de Nouadhibou où je suis ce soir, installé dans un petit hotel bien local.
La ville est dégueulasse d'après ce que j'en ai vu, mais tant pis, un peu de repos sera le bienvenu quand même pour un ou deux jours avant de reprendre la route vers Nouakchott cette fois.
Le changement est aussi total au niveau des locaux, on est vraiment en Afrique cette fois, et les gens sont vraiment typés noir et non plus maghrébin contrairement à 100kms avant.
Je retrouve aussi un hotel comme au Burkina, un où on n'est pas sure que le lit ait été fait depuis le dernier client! Mais bon, c'est aussi ça l'Afrique.